Fondation de l’école Jules Richard

Chronologie

1917 : construction d’une école de garçons à l’angle de la rue des Alouettes et de la rue Carducci.
16 juillet 1923 : création de la Fondation Jules Richard.
4 août 1923 : naissance de l’École professionnelle de Mécanique de précision Jules Richard.
1925 : inauguration de l’école.
1927 : sortie de la première promotion de l’école après 3 ans d’études.
1928 : création de l’Amicale de Anciens Élèves Jules Richard.
1931 : naissance du CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle) mécanicien en instruments de précision.
1954 : analyse du fonctionnement de l’établissement (état des lieux et suggestions de modernisation) par le président de l’Amicale des Anciens Élèves Jules Richard.
1955 : création d’une quatrième année d’études.
1969 : modification des statuts de l’école, l’association est désormais gérée par un CA (Conseil d’Administration) composé de 8 membres.
1973-1978 : rénovation.
1973 : admission de la première jeune fille.
2022 : le Lycée Jules Richard rejoint le Groupe SOS.

Les premiers pas

En 1923, initié par des préceptes paternels de 1872, avec le soutien unanime de ses plus proches collaborateurs, Jules Richard crée sa Fondation.
 
A la fin du XIXième siècle, il n’existait pas d’établissement d’apprentissage pour les métiers industriels. Les jeunes gens étaient donc contraints d’entrer très tôt dans une entreprise comme apprenti.
C’était au détriment d’un enseignement plus approfondis qui leur aurait permis d’évoluer et de grandir intellectuellement. L’instruction scolaire s’arrêtait bien trop souvent en classe de 7ième (actuel CE2) et les plus prometteurs en 5ième. Les jeunes ouvriers ne trouvaient pas par la suite d’institution capable de développer leurs capacités manuelles et professionnelles. Pour ne rien arranger, une loi interdisant le travail des enfants dans les entreprises n’était que sommairement appliquée.
La routine et le travail répétitif ne permettaient pas le développement intellectuel des jeunes ouvriers. De plus, chacun savaient que la moralité des personnels des ateliers n’était pas sans reproche. Alors, c’était en petite main que commençait la carrière d’ouvrier, cantonné à des tâches répétitives et parcellaires, les jeunes gens ne pouvaient exprimer pleinement leurs qualités. 
 
La prétention d’une école professionnelle n’était pas de former des ingénieurs, mais plutôt de contribuer au perfectionnement des ouvriers en leur donnant l’enseignement nécessaire à la pleine utilisation de leurs compétences et qualités créatives.
 
Voilà en quelques lignes ce qui a décidé Jules Richard. Son entreprise et toute la profession avaient un besoin grandissant d’ouvriers spécialisés. Mais attention, nous souhaitons ici faire une grande distinction entre le terme d’après-guerre (39-45) OS Ouvrier Spécialisé autrement dit « mono tâche » et celui dont avait besoin l’industrie de la mécanique de précision de 1900.
 
Le postulat de la Fondation Jules RICHARD le démontre bien :
 
« L’école a pour but d’assurer la formation d’artisans d’élite, capables de construire en entier des appareils et instruments ressortissant à la petite mécanique et à la mécanique de précision.
La Fondation entend mettre les artisans ainsi formés à même de pouvoir réaliser, grâce à leur habilité, les perfectionnements ou les inventions que leur ingéniosité, développée par un travail manuel intelligent et des connaissances techniques appropriées, leur permettra de concevoir. »
 
Nous sommes bien loin de l’ouvrier, cette définition est plus proche du technicien, un véritable professionnel capable de s’adapter, polyvalent, créatif.
Il ne se cantonne plus à la réalisation d’une pièce mais travaille sur l’ensemble du produit, le fabrique, l’assemble, l’améliore, le perfectionne.
A l’opposé du Taylorisme …………
L’industrie de la mécanique de précision ne travaillait pas sur de gros volume, une autre articulation industrielle était déjà en application dans Les Etablissements Jules Richard.

Le 16 Juillet 1923, Jules Richard dépose les statuts de sa Fondation.

Jules Richard imagina le lieu, il lui fallait trouver un endroit près de son entreprise afin que les déplacements en ces deux entités soient aisés et qu’ils s’effectuent sans perte de temps.
Au début du XXème siècle Paris était en pleine mutation. Le Parc des Buttes Chaumont se construisait. L’immense quadrilatère formé des rues Botzaris, de la Villette et des Alouettes, qui à l’époque tournait à 90° et rejoignait la rue de la Villette, abritait la Cité Léon Gaumont qui employait 1500 personnes.
Le 13 février 1912 fut inauguré la station de métro « Buttes Chaumont » (L7bis) et le 1er juillet 1916 la station « Pyrénées » (L11). Programmée avant 1914, la ville de Paris avait construit deux écoles primaires (filles et garçons) face à face rue des Alouettes qui fut prolongée jusqu’à la rue Fessart. La partie de la rue des Alouettes qui se prolongeait jusqu’à la rue de la Villette fut baptisée rue Carducci, prix Nobel de littérature en 1906.
Au sortir de la première guerre mondiale, l’école de garçon était vide. Jules Richard ne pouvait espérer mieux, un bâtiment scolaire à cinq minutes de ses ateliers.
Après de âpres démarches et avec l’appui de Monsieur FIANCETTE, Conseiller Municipal, la ville de Paris l’autorise à prendre place dans cette école de garçon.
Le 4 Août 1923 la convention sur l’octroi de ces locaux est signée entre le Préfet de la Seine et Jules Richard. Dans cette convention, la ville de Paris s’engagea à mettre gratuitement à disposition de la « Fondation Jules Richard » les locaux de cet établissement situés au 21 Rue Carducci.
L’instruction des apprentis était faite sur trois années. La première année se consacrait aux travaux élémentaires à maîtriser. Le nombre d’élèves était de quarante reçus sur concours.
A la suite, les deux années suivantes étaient consacrées aux travaux spécialisés de mécanique de précision. Le nombre d’élève était de trente par année.

L’école proche des établissements Jules Richard

(Article de presse 12 mars 1924)
Les établissements Jules Richard avaient une énorme emprise sur le quartier. Les ateliers et autres composantes de l’entreprise commençaient à la hauteur du 25 rue Mélingue pour se terminer à la hauteur de la rue des Alouettes. L’école se trouva donc à moins de 5 minutes des bureaux de Jules Richard. 
C’était un bâtiment principal composé de quatre niveaux et d’un retour en rez-de-chaussée, le réfectoire. La cours, modeste, était agrémentée de 6 marronniers.
Les trois premiers niveaux furent consacrés aux ateliers de première, deuxième et troisième année. Le quatrième niveau comportait les salles de cours et les appartements de la Direction.
L’aventure pouvait commencer